Le Journal Officiel du 19 juillet a publié les comptes de campagne des 12 candidats à la dernière élection présidentielle. Ces documents ont été élaborés sous la responsabilité des candidats. Ils vont maintenant être analysés par les experts de la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) qui a l’autorité et les compétences pour vérifier l’exactitude et l’exhaustivité de ces comptes. A l’issue de cet examen, qui ne peut excéder six mois, la CNCCFP rendra son verdict : approbation (avec corrections éventuellement) rejet et fixation du montant du remboursement accordé par l’Etat. Les candidats peuvent faire appel des décisions de la CNCCFP auprès du Conseil Constitutionnel. Même si ces données n’ont pas été validées, il m’a semblé utile de procéder à une analyse comparative en les rapprochant des comptes de 2017.
En 2022 les candidats à l’élection présidentielle ont été prudents en matière de dépenses qui sont demeurées très nettement en dessous des plafonds fixés par la loi, et cela vaut pour les deux candidats du second tour. On relève d’ailleurs que leurs dépenses sont égales (Macron) ou inférieures (Le Pen) à celles de 2017. Toutefois l’analyse détaillée fait apparaître des modifications dans la conduite de la campagne, notamment en matière de déplacements. Contrairement à ses deux adversaires, Mélenchon a dépensé davantage (+27%) en privilégiant les réunions publiques. Le résultat électoral n’est pas lié au montant des dépenses, comme l’attestent Pécresse et Zemmour. Coté recettes, les dons des particuliers demeurent faibles, sauf pour trois candidats . Quant aux contributions des partis politiques elles ne sont significatives que pour les partis de gouvernement. Quoiqu’il en soit, le remboursement effectué par l’Etat, après vérification des comptes de campagne par la CNCCFP , limite, voire annule, la participation financière personnelle des candidats. En encadrant les dépenses et recettes autorisées, la législation française favorise l’égalité entre les candidats, indépendamment de leur fortune personnelle à l’opposé du système américain. Mais ce dispositif repose sur le rôle d’une autorité indépendante qui a fait la preuve de son efficacité dans le cadre des compétences qui lui sont attribuées et qui devraient être renforcées. Il appartient aux plus anciens et aux historiens de se remémorer les campagnes passées pour souligner les progrès accomplis qui font de la France une nation exemplaire dans ce domaine des campagnes électorales. On trouvera ci après le détail de cette analyse.